D'abord une petite carte pour situer la promenade ci-dessous d'une dizaine de jours. Départ en haut à gauche de Paxos,
passage par Preveza, puis le long de l'île de Levkas vers la baie de Vlikho ; ensuite direction l'Est, l'île de Meganisi, puis les îles de Kastos et Kalamos avant de revenir à Preveza
Vendredi 14/06/13 : Paxos-Lakka – Preveza
35 milles ; vent nul ou quasi nul ;
moteur. De drôles d'insectes croisent notre trajectoire, sans nous agresser.
Arrivée à la marina de Preveza vers 14 h.
Samedi 15, dimanche 16 et lundi 17/06/13 : Preveza
On retrouve la marina « juste nécessaire » et sans fioritures de Preveza : à 10 mn du centre ville, 12 € par
jour électricité et eau comprises, pas de douches, mais la plage arrière du bateau est là pour ça. Preveza, c’est la petite ville de province (30 000 habitants), et si certains cafés ou
restaurants veulent se donner un air 2010 (confort design, musique d’ambiance, boissons à la mode…), le reste paraît plutôt rétro, avec plein de petits commerces traditionnels, notamment de
quincaillerie, et peu de grandes surfaces. La mode affichée, la vitesse et les vroum-vroum ne sont pas un art de vivre ; le café grec, chaud ou glacé, toujours servi avec un verre d’eau, et
la recherche de l’ombre, semblent présider au comportement de tout un chacun. Le dimanche, et presqu’aussi le samedi après-midi, hormis les bars et restaurants, tout est fermé ; la ville est
déserte jusqu’à sept heures du soir ; et là, tout s’anime : les bars se remplissent, des musiciens viennent s’approprier le kiosque à musique, des joueurs de dominos assis sur des
parapets en ciment disputent des parties acharnées, des marchands ambulants font du blé avec des épis de maïs grillés, et les cérémonies religieuses occupent bien sûr les églises mais aussi leur
voisinage, chacun ayant sorti sa plus belle tenue et son plus beau sourire pour la photo.
Mardi 18/06/13 : Preveza – Ormos Vlikho
Dernières petites courses à Preveza avant de partir : du gaz et surtout du pain qui, en général, se conserve bien et est
mangeable encore le quatrième jour, surtout si on aime le pain rassis.
Pas un souffle d’air, même dans le chenal de Preveza ; à peine un peu de courant favorable ; à la sortie virage
vers le Sud et cinq milles jusqu’à l’entrée du canal de Levkas, obturé par un pont tournant qui permet le passage des bateaux toutes les heures à l’heure pile. Manque de pot, malgré
quelques tours supplémentaires donnés au moteur, on arrivera à l’entrée à 10 h 10, donc trop tard, et on jettera l’ancre pour trois quarts d’heure dans la darse d’entrée entre un fort, un
restaurant désaffecté et une plage qui donne des deux côtés, sur la mer au Nord, sur la darse au Sud.
A 11 h le pont tourne et on embouque (on prend en langage de marin) le canal de Levkas : un mille d’abord entre la route
et le marais jusqu’à la ville de Levkas, petite bourgade de 15000 habitants, point d’entrée dans l’île, toute entière dédiée au tourisme et à la plaisance. Une marina, gérée par une société
anglaise, accueille les bateaux pour un prix parmi les plus élevés de Grèce (souvenir de 2012). Heureusement, la ville permet de s’amarrer à son quai, s’il y a de la place, ou de mouiller dans la
rade. Quelques photos à 180 ° pour fixer tout ça sur la pellicule en cas d’un nouveau passage avec arrêt. Pour le plaisancier quand même, c’est un port où l’on trouve tout pour le bateau, de la
petite vis en inox à l’équipement électronique sophistiqué, avec, paraît-il, des artisans compétents.
Après Levkas et sa marina « britannique », le canal se prolonge sur 2,5 milles , à babord, avec un chantier
branlant de bateaux fatigués, puis à tribord, avec la décharge odorante de l’île survolée par des myriades de goélands, et enfin, des deux côtés avec des marais peu profonds qui vous donnent
l’impression d’une zone aquatique terrestre.
On retrouve la mer ouverte, et un petit vent de 7 à 8 nœuds de face pour longer la côte Est de Levkas et la côte Ouest de
Skorpios (l’île d’Onassis) en direction de Nidri et du golfe de Vlikho, une profonde échancrure dans la terre en forme de raquette de tennis. Nidri est un port dans la zone du manche, où le
chenal, d’à peine 400 m de large est encombré de pontons de sociétés de location, d’accès à des chantiers de bateaux, et de bateaux au mouillage.
Audace suprême, une petite
baie de 300 m de diamètre, donnant sur le chenal, s’appelle « baie de la tranquillité » : au moins une trentaine de bateaux y sont à l’ancre. On avance vers le tamis de la
raquette, espérant que l’élargissement permettra de trouver une zone respirable ; on choisit la rive droite, protégée des vents de NW dominants, et, effectivement, il n’y a plus qu’un bateau
à l’ancre tous les 100 m.
L’ancre est jetée sur un fond d’herbes de 3,5 m, mais la visite traditionnelle de l’ancre se traduira par un échec ;
l’eau est pleine de suspensions et le fond herbeux et sûrement vaseux nuit à la visibilité. Un Français, en train de faire réparer son bateau dans le chantier voisin, et en mal de discussions
francophones, viendra, avec son annexe, nous faire la causette et nous expliquer que le golfe de Vlikho, en dépit, ou grâce à son eau turbide, est un vivier de jeunes alevins pour toute la mer
ionienne, et la qualité de l’eau y est remarquable. Malheureusement, s’y baigner n’est pas très engageant, le nombre de nageurs le confirme.
Côté géographie, le golfe est enserré entre deux collines à l’Est et à l’Ouest ; de notre côté, à l’Est, c’est la zone
d’activités terrestres, avec d’une part le village de Vlikho, à destination touristique (on y a reproduit un vrai « pub »), et, d’autre part, un énorme chantier de réparations ;
certaines épaves témoignent du peu de cas fait de la protection de l’environnement. De l’autre côté, à l’Ouest, la pente boisée abrite des villas nombreuses, mais clairsemées, avec leurs petits
quais privés.
Mercredi 19/06/13 : Ormos Vlikho - Meganisi
Nous n’aurons pas envie de descendre à terre et passerons une nuit particulièrement calme, le golfe au petit matin
ressemblant au miroir d’un petit lac de montagne dans lequel se reflètent les sommets environnants. Mais la densité humaine ne plaide pas, à notre avis, en faveur du site, et M. Yanmar nous
reconduit calmement vers la sortie. Dans le chenal de Nidri, toujours autant de monde : se sont ajoutés, amarrés au quai, quatre bateaux-promenade, qui accroissent encore l’impression de
claustration.
A la sortie du golfe, à droite, cap au SE le long de l’île de Skorpios : le super yacht de la famille Onassis n’est pas
là (tant pis pour l’apéro, d’autant qu’il est dix heures du matin).
Bien qu’appartenant à la famille Onassis, l’île a quand même des mouillages autorisés, sauf qu’on ne peut descendre à
terre : nous y verrons un bateau ancré au voisinage de la plage préférée de Jacqueline Onassis. C’était la minute « Voici Closer ».
Maintenant, direction Meganisi, en grec « la grande île ».
En forme de trèfle à cinq ou six feuilles, elle offre des mouillages et des petits ports protégés de toutes les directions du
vent. Boisée d’oliviers, elle est assez rocheuse, mais de nombreuses petites plages la bordent et ces lieux-là sont pris d’assaut souvent par des groupes de bateaux qui s’y installent en longue
durée aves amarres à terre, annexe qui sert de navette entre bateau et plage, vélo sur le chemin qui borde la plage. A un ou deux km, il y a toujours un mini-market pour s’approvisionner. Aidés
par les Français du bateau Wadi Rum, nous avons pris leur place qu’ils quittaient à 16 h, en se mettant temporairement à couple. Bonne brise de cinq heures à sept heures, faiblissant jolie à
petite brise à l’heure de l’apéro. Un petit coup de blanc avec des maquereaux séchés : inconvénient, c’est un peu salé et la soif vous fait lever la nuit.
Jeudi 20/06/13 : Meganisi
Un tour à pied jusqu’au bistrot le plus proche pour aller déguster la Mythos sous pression, d’habitude servie avec quelques
amuse-gueule locaux, mais nous n’aurons droit à rien. Juste une bonne suée pour le retour sous le soleil tonitruant de midi. Heureusement baignade ! Et la journée passe, animée entre cinq
et huit par le renforcement du vent et l’arrivée d’une légère houle désordonnée.
Des Suédois voisins égayent ( ?) la soirée par un « Bon anniversaire » chanté dans la langue de Shakespeare
(lequel d’ailleurs n’avait sûrement jamais entendu cet hymne inoubliable).
Vendredi 21/06/13 : Meganisi – Kastos
Ce matin, 7 h, pas un souffle d’air, eau transparente et poissons aussi, du moins la faune est très minime. Température
fraîche : 25°C . c’est vraiment le moment le plus agréable de la journée.
M. Yanmar va nous conduire à Kastos, île proche de la Grèce continentale que l’on espère en dehors des routes maritimes et
terrestres touristiques. C’est bien le cas ! 80 habitants l’hiver : des petits pêcheurs et une activité agricole limitée : oliviers et arbres fruitiers, élevage ovin et
caprin.
Un petit port à l’eau claire où l’on ne rechigne pas à aller voir son ancre : fond de sable et d’herbe avec quelques
gros cailloux qui ont servi de corps morts : on jette l’ancre au milieu et d’un côté on met les amarres à la digue, de l’autre côté les amarres dont accrochées aux lampadaires de la
plage.
Ici pas d’eau de source potable, pas de poubelles. Tout le monde se côtoie à proximité du port : les pêcheurs
évidemment, les bâtiments officiels, mairie et école, les cafés et restaurants, même l’élevage de moutons.
Comme dans les autres ports, les restaurants font œuvre de marketing envers les 80 % de la clientèle que constituent les
britanniques. Ici le restaurant qui a le « label » s’appelle « Chef John », un autre s’appelle « Windmill » en référence au moulin à vent qui l’abrite ; plus
loin à Kalamos, il s’appellera « George ».
Italianophiles, nous avons délibérément délaissé les noms anglais pour « Il porto », où il n’y avait que trois
clients locaux grecs. D’autres français sont allés chez « Bellos » où la clientèle était d’origine variée. Aubergines grillées, mais pas en fines tranches : moelleuses et sucrées,
additionnées d'un peu de feta. Calamar et sar grillés. Vin blanc du patron.
A 9 h du soir, il n’y a plus qu’à attendre que la température baisse pour aller dormir ; ça va descendre jusqu’à 27 °
C
Samedi 22/06/13 : Kastos – Kalamos
Jour d’anniversaire, journée d’anxiété : le téléphone va-t-il sonner ? Qui aura le pompon ? Message vocal,
SMS ? Les sept milles qui séparent Kastos de Kalamos auront du mal à détourner la tête du sujet du jour : mais tout le monde y sera allé de son message, le capitaine aura réussi à
chanter en français.
Kalamos, c’est Kastos en dix fois plus grand et cinq fois plus pentu. Des oliviers pluricentenaires couvrent les pentes du
village ainsi que des citronniers et des bougainvillées multicolores.
Le port est beaucoup moins propre qu’à Kastos : ancre invisible, vite se rincer en sortant de l’eau. Iorgos, maître de
port par envie et par ailleurs patron du restaurant « George » nous tient des discours philosophiques sur la crise grecque, la responsabilité des banques…et sur son « Boss »
en nous montrant la photo de sa fille.
La température est encore montée d’un cran (33° C) et on a du mal à s’habituer. Avec le taud, un tunnel d’air se forme et
c’est plus supportable.
Vers sept heures le tour du village (150 m de dénivelé) se transforme vite en épreuve. Les maisons habitées sont coquettes,
le rez-de-chaussée paraît fermé et non habité, tandis que les terrasses avec tonnelles ombragées abondent ; dans les rues, pas de vue sur mer, mais sur les terrasses, ça doit être autre
chose. L’église de loin imposante et propre est finalement de près peu entretenue et le crépi se délabre. Nombre de maisons, malgré la saison, restent fermées.
Il est temps de redescendre pour un ouzo, des anchois marinés (très salés), et des calamars frits chez George. De l’eau, de
l’eau !!!. Comme la veille, attendre que la température baisse.
Dimanche 23/06/13 : Kalamos – Palairos - Preveza
Etape de 15 MN sans encombre, tout au moteur.
A l’arrivée, petit tour d’inspection du port, choix de la place, largage de l’ancre, marche arrière vers le quai, liaison des
deux amarres arrière, et enfin tension de la chaîne au guindeau. Mais la chaîne ne se tend pas ; la chaîne s’enroule, s’enroule et tout d’un coup, plus d’ancre au bout (pas d’ancre et il
manque sept à huit mètres de chaîne : un maillon de la chaîne a cassé) : heureusement il n’y a pas de vent. On repart du quai, puis du port pour installer l’ancre qui est normalement à
l’arrière ; retour au port, vers une nouvelle place et amarrage selon la même méthode.
Puis un petit coup d’annexe, palmes tuba et plongée vers l’endroit supposé de la perte de l’ancre : la chaîne apparaît
posée sur le fond ainsi que l’émerillon de l’ancre brillant en inox. Retour au quai pour demander de l’aide à un Italien au visage avenant et re-retour sur le lieu de la perte avec bouteille de
plongée et narguilé (on laisse la bouteille à bord de l’annexe, on y branche un tuyau souple et résistant d’une dizaine de mètres de long équipé d’un embout buccal et on descend sous l’eau avec
le seul tuyau). Mais manque de pot, impossible de trouver notre chaîne et notre ancre : on en trouve une autre, mais en soulevant ça remue la vase et c’est le marron foncé. Malgré la
poursuite des recherches le nez au fond, on ne retrouve pas notre ancre. Plutôt que de payer un plongeur, sans être sûr qu’il réussisse, on décide d’abandonner et d’acheter une autre ancre, et
pour ce faire, de retourner ce soir même à Preveza.
Les 15 milles sont devenus 35, la petite étape est devenue moyenne, l’amarrage à la marina de Preveza a terminé avec
plaisir cette journée fatigante. Une bonne brise s’est levée en fin de journée et a un peu refroidi l’atmosphère, rendant plus facile la récupération nocturne. Deux jours à Preveza ne seront pas
de trop pour se refaire une santé.